La Chine est désormais essentielle à l’action climatique mondiale. Elle occupe une position quasi-dominante dans le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité, et ses investissements dans les énergies renouvelables sont considérables. Les énergies propres offrent à l’UE l’opportunité d’accroître son indépendance énergétique et sa durabilité, mais pour parvenir à une véritable transition énergétique, l’UE doit abandonner son attitude protectionniste, faire preuve d’une plus grande détermination et coopérer avec la Chine dans les énergies propres.
La Chine est indispensable pour la transition verte
En faisant du jogging à Beijing, j’ai remarqué que les rues étaient plus calmes qu’il y a quelques années et que la qualité de l’air était meilleure. Aujourd’hui, un grand nombre de voitures neuves en Chine sont des véhicules à énergie nouvelle (VEN), qu’il s’agisse des véhicules de particuliers, des taxis et des bus, apportant plus de verdure et moins de bruit dans les villes.
J’ai également visité de nombreuses villes de Chine. Presque toutes ont construit de nouveaux parcs industriels verts hi-tech, et de nombreuses entreprises innovent dans le vert. La forte puissance industrielle de la Chine sert la transition verte, et je pense donc que le pays sera en mesure d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions de CO2.
Les données publiées par l’Agence internationale des énergies renouvelables montrent que les coûts de l’énergie éolienne et photovoltaïque ont chuté respectivement de 60 % et 80 % au cours de la dernière décennie, une grande partie étant attribuée à l’innovation, à la fabrication et à l’ingénierie de la Chine. Aujourd’hui, la Chine représente au moins 60 % de la production mondiale dans des secteurs verts clés, à savoir l’énergie solaire, éolienne, hydroélectrique, les batteries et les VEN.
Je pourrais énumérer bien d’autres faits et chiffres. La capacité de production dans les énergies renouvelables et leur capacité installée de la Chine représentent déjà les 2/3 de la capacité mondiale. Ailleurs dans le monde, que ce soit en Europe, aux États-Unis ou en Afrique, elles ne représentent qu’un tiers de la capacité mondiale de production d’énergies renouvelables.
En 2023, la Chine investira 676 milliards de dollars dans les énergies renouvelables, devenant ainsi le plus grand investisseur mondial dans la transition énergétique. Cela équivaut à 16 fois le PIB du Népal (son PIB en 2023 était 41 milliards de dollars), une économie de taille moyenne en Asie. On voit que la Chine est devenue un pays indispensable dans l’action climatique mondiale.
S’il est possible pour le monde de parvenir à un développement vert sans la Chine, le coût sera plus élevé et le rythme, plus lent.
Pas de « surcapacité », seulement des « opportunités »
Ces dernières années, un nouveau mot est devenu un mot à la mode, il s’agit de « surcapacité ». Certains pensent que la Chine est en « surcapacité » en matière de cellules photovoltaïques et de VEN.
L’argument de la « surcapacité » ne repose sur rien. L’Occident accuse la Chine de « surcapacité » en matière d’énergie solaire et de VEN, disant que c’est un « échec complet ». En fait, c’est la capacité de la Chine à produire en masse d’excellents produits verts et à les livrer sur les marchés internationaux qui peut rendre le monde plus propre et plus respectueux de l’environnement. Nous avons besoin de davantage de produits verts et nous devons soutenir le développement de produits verts. Les progrès écologiques de la Chine revêtent une importance positive non seulement pour la Chine, mais aussi pour le monde entier.
La compétitivité mondiale dans les VEN chinois repose sur une fabrication efficace, des chaînes d’approvisionnement solides et une innovation technologique continue. Si l’Europe continue à recourir au protectionnisme pour lutter contre la concurrence sur ses marchés, elle risque de rater une occasion précieuse de modernisation industrielle et de progrès technologique. À l’heure où le monde a un besoin urgent de concurrence dans les produits verts, l’UE doit abandonner ses mesures protectionnistes de nivellement par le bas à l’égard des VEN chinois. La concurrence verte n’est pas une mauvaise chose, c’est une bonne chose, et c’est un nivellement par le haut. Le protectionnisme est un nivellement par le bas qui ralentira le rythme de la transition verte.
Avec la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, il est à prévoir que davantage de questions commerciales figureront en tête de l’agenda mondial. La Chine et l’Europe, deux grandes puissances mondiales, doivent conjointement sauvegarder le système commercial multilatéral. C’est ce système qui a rendu l’humanité tout entière plus riche et plus heureuse au cours des dernières décennies.
Pour l’UE, la « surcapacité » de la Chine peut être considérée comme une opportunité pour la transition énergétique, d’autant plus qu’il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs climatiques.
La meilleure réponse à cette question serait que l’Europe invite les entreprises chinoises de batteries électriques, les fabricants de cellules photovoltaïques ou les constructeurs de VEN comme BYD ou Huawei à investir, afin que l’Europe ait des opportunités d’emploi et de transfert de technologie.
L’ICR est une solution pour la transition verte mondiale
L’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) est le principal moteur du développement vert mondial. Aujourd’hui, c’est devenu un vecteur mondial majeur pour les investissements verts dans les secteurs de l’énergie solaire, éolienne, hydroélectrique et des corridors verts. Les projets de l’ICR à l’étranger attachent une grande importance à la protection de l’environnement local et favorisent le développement harmonieux de l’homme et de la nature.
L’ICR penche progressivement en direction du vert, se concentrant fortement sur l’énergie solaire, éolienne, hydraulique, ainsi que sur les transports verts, pour devenir demain le premier vecteur mondial des investissements verts.
Comme je l’ai mentionné, la Chine ouvre actuellement la voie en matière de technologies respectueuses de l’environnement. L’ICR peut aider les pays participants à bénéficier de transferts de technologies de pointe chinoises dans le solaire et l’éolien, les aidant ainsi à se sevrer de leur dépendance à l’égard des énergies à forte teneur en carbone.
La confiance et la participation à l’égard de l’ICR verte ne cesse d’augmenter en Europe. Il est encore possible de poursuivre la coopération entre les deux parties dans l’éolien et le solaire et de s’aligner aux concepts de développement vert et durable du Green Deal européen.
Des mécanismes de coopération multiniveaux doivent être établis entre les gouvernements chinois et européens, les institutions financières multilatérales et les entreprises dans l’éolien et le solaire, la bioénergie et le nucléaire. Les deux parties doivent établir un système d’innovation technologique reposant sur les entreprises et tourné vers le marché, développer conjointement des produits technologiques dans les énergies renouvelables, et promouvoir la transformation et l’application des résultats de la recherche scientifique dans la construction de l’ICR.
ERIC SOLHEIM est ancien vice-secrétaire général des Nations Unies et ancien directeur exécutif du PNUE
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