"L'assassinat de Mark Zuckerberg ", un polar vertigineux de l'écrivain aixois Alexandre Arditti
Par Jean-Rémi BARLAND
Publié le 20/12/24 à 15:25
L'Aixois Alexandre Arditti signe avec "L'assassinat de Mark Zuckerberg" une enquête policière où les apparences sont trompeuses.
C'est un huis-clos qui rappelle le célèbre film Garde à vue (1981) de Claude Miller : un inspecteur s'y appelle ici Bremond, nom proche de celui de l'inspecteur Belmont joué par Guy Marchand dans le film, qui emploie comme Lino Ventura l'expression "mon pauvre vieux" à l'adresse du suspect.
L'Aixois Alexandre Arditti signe là une enquête vertigineuse au cœur des questions de notre époque relatives à la course sans limites au progrès technologique. Il y imagine l'assassinat fictif de Mark Zuckerberg, le très médiatique fondateur et PDG de Facebook, exécuté d'une balle dans la tête. On y retrouve face à face Pierre Gerbier, commissaire caractériel surnommé Pierrot ou La Gerbe, et un certain Franck Travis, un quinquagénaire américain dit "le poète ", qui aurait agi pour le compte d'une mystérieuse organisation terroriste baptisée Table Rase.
"On a l'époque que l'on mérite"
Doté d'un sacré tempérament, les deux protagonistes ne sont pas non plus des illettrés décérébrés : "Le jour où la société dans laquelle tu vis te fera trop honte, quitte-la !", lance ainsi le suspect au flic cultivé, qui pense qu'il s'agit d'une pensée de Schopenhauer et non de lui. "On a l'époque que l'on mérite", rajoute plus tard le meurtrier présumé, comme un mantra. "L'existence est une bulle de savon. Un apprentissage. L'apprentissage d'une certaine solitude", dira-t-il encore, avant d'exposer son point de vue sur la littérature : "Écrire c'est un peu comme organiser un combat, ou plutôt une joute verbale, entre des héros qui nous ressemblent et des ennemis qui nous ressemblent aussi. […] La littérature sert à entrer en contact avec les autres, ou du moins essayer de le faire. À transmettre des émotions récalcitrantes qui restent coincés dans la poitrine ou dans la gorge."
Si Alexandre Arditti n'est pas un grand styliste, force est de constater qu'il est un excellent conteur, un scénariste doué, un dialoguiste efficace et son polar, malgré une fin un peu invraisemblable, est un vrai bon moment de lecture. L'assassinat de Mark Zuckerberg qui pourrait s'appeler "les apparences sont trompeuses" se lit d'une traite avec un réel plaisir.
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