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À la découverte de La fille rêvée de Kim Jong-un avec Antoine Lassaigne et Alain Mamou-Mani

Pour célébrer La fille rêvée de Kim Jong-un, nous avons posé quelques questions à ses auteurs, Antoine Lassaigne et Alain Mamou-Mani. Ce livre unique, qui mélange satire, politique et fiction surréaliste, s’aventure dans les territoires inexplorés d’une Corée du Nord fantasmée. Découvrez les coulisses de ce roman intrigant.

 

Le titre La fille rêvée de Kim Jong-un intrigue. Pouvez-vous nous en dire plus sur son origine ?

 

Nous avions initialement pensé à La vie rêvée de Kim Jong-un, mais notre éditrice a suggéré La fille rêvée au moment où l’actualité soulignait que Kim Jong-un préparait sa fille à la succession. Cela nous a inspiré, car notre roman met en scène Shina, une championne olympique nord-coréenne. Le titre est rapidement devenu une évidence.

 

Pourquoi centrer l’intrigue autour d’un personnage aussi emblématique que Kim Jong-un ?

 

Kim Jong-un est un personnage complexe, offrant de multiples facettes pour la fiction. Son image publique sévère et son côté privé mystérieux nous ont permis d’explorer des possibilités narratives fascinantes, notamment autour de sa fascination pour l’espace et le contrôle absolu.

 

Votre roman oscille entre satire, politique et fiction. Comment avez-vous trouvé cet équilibre ?

 

Nous avons voulu brouiller les frontières entre l’imaginaire et la réalité. Cette approche rend la satire plus percutante et crée un sentiment de malaise chez le lecteur, renforçant l’humour tout en invitant à la réflexion. C’est un mélange assumé, car la littérature est souvent trop cloisonnée aujourd’hui.

 

Les voyages lunaires et les aspirations grandioses de Kim Jong-un dans votre livre flirtent avec l’utopie et la dystopie. Qu’est-ce qui vous a poussé à explorer cette thématique ?

 

Kim est obsédé par les fusées comme moyen de contrôler l’espace. Le faire voyager sur la lune dans notre roman symbolise cette soif de grandeur et de démesure propre à certains dirigeants autoritaires.

 

Shina, la fille rêvée de Kim Jong-un, est un personnage central. Que représente-t-elle ?

 

Shina incarne la possibilité de transcender un destin prédéterminé dans un régime totalitaire. Elle devient une figure d’opposition face à l’État tout-puissant, symbolisant l’individu résistant au contrôle total.

 

Écrire à quatre mains est un exercice particulier. Comment vous êtes-vous répartis le travail ?

 

Nous ne répartissons pas vraiment le travail, c’est plutôt le travail qui nous guide. Nous avançons comme des explorateurs dans la jungle de l’écriture, laissant nos personnages dicter l’unité du récit.

 

Qu’espérez-vous que les lecteurs retiennent après la lecture de La fille rêvée de Kim Jong-un ?

 

Nous souhaitons que ce roman pousse à réfléchir sur la condition humaine, les jeux de pouvoir et la quête de liberté. Même dans l’ombre d’une tyrannie, l’espoir persiste. Shina est la preuve que l’individu peut résister face aux systèmes oppressifs.

 

Le révérend Patkinson et d’autres personnages semblent incarner différentes idéologies. Quelle était votre intention en créant ces personnages ?

 

Nos personnages symbolisent une opposition aux dogmes et à leurs dérives. Ils permettent d’explorer les dynamiques du pouvoir sous différents angles, tout en dépassant la simple critique politique pour offrir une réflexion plus nuancée sur les idéologies extrêmes et leurs conséquences.

 

Votre livre aborde des questions de pouvoir, d’idéalisme et de propagande. Comment ces thèmes se reflètent-ils dans le développement du récit et des personnages ?

 

Nous abordons ces sujets à travers une quête initiatique pleine d’humour, mais qui incite à la réflexion sur les dangers du pouvoir absolu. Chaque personnage, avec ses idéologies et ses motivations, apporte une profondeur à ces thèmes sans tomber dans une critique frontale, ce qui permet de rendre la réflexion accessible mais profonde.

 

Écrire à quatre mains est un processus particulier. Comment vous êtes-vous répartis le travail ? Y a-t-il des parties du texte où chacun a imprimé sa propre marque ?

 

Nous ne nous répartissons pas le travail de manière rigide. En fait, c’est le travail qui nous guide. Nous avançons ensemble comme des aventuriers, confrontés aux accidents du terrain littéraire, et cela crée naturellement une structure et une voix commune.

 

Avez-vous rencontré des défis spécifiques liés à l’écriture en duo, notamment en ce qui concerne l’harmonisation de vos styles et de vos idées ?

 

 

Pas vraiment, car nos personnages créent naturellement l’unité. Ce sont eux qui dirigent le récit et harmonisent nos voix distinctes. Ils nous conduisent dans cette écriture à deux têtes sans heurts.

 

Le ton du livre oscille entre l’absurde, le tragique et la critique. Comment avez-vous trouvé ce ton particulier ? Y a-t-il des auteurs ou des œuvres qui ont influencé cette approche ?

 

Antoine : La poésie de Haruki Murakami a influencé mon approche.

Alain : Romain Gary et son humour déjanté m’ont inspiré.

 

L’utilisation de la narration omnisciente et des descriptions détaillées donne une dimension cinématographique au roman. Était-ce une approche délibérée ?

 

Oui, c’est délibéré. Notre expérience respective dans le cinéma et la télévision (Antoine comme réalisateur et Alain comme scénariste et producteur) a influencé cette approche. Nous souhaitons vivement voir ce livre adapté en série TV ou au cinéma.

 

Il y a une grande diversité d’univers dans le roman, de la Lune aux Jeux Olympiques. Qu’apportent ces décors à l’histoire globale ?

 

Ces décors variés sont l’aspect picaresque du livre. Ils entraînent les personnages, et le lecteur, dans des lieux toujours changeants, renforçant l’idée d’une quête initiatique et d’un récit sans frontières.

 

Comment espérez-vous que les lecteurs réagiront à cette œuvre qui mêle autant de niveaux de lecture ?

 

Nous espérons que les lecteurs apprécieront les différents niveaux de lecture et qu’ils riront tout en réfléchissant aux enjeux géopolitiques et philosophiques sous-jacents. Nous voulons provoquer un mélange de divertissement et de réflexion.

 

Y a-t-il un message ou une réflexion spécifique que vous souhaitez que les lecteurs retiennent après la lecture ?

 

Le roman offre une méditation sur la condition humaine, le pouvoir et la liberté. À travers le personnage de Shina, nous explorons la possibilité d’échapper à un destin dicté par un État totalitaire, et nous posons des questions sur l’amour, la liberté et l’humanité dans un monde fracturé par la politique.

 

Si vous deviez résumer l’essence de votre roman en quelques mots, que diriez-vous ?

 

C’est une farce picaresque qui propose un regard lucide sur les enjeux politiques et humains de notre époque tout en laissant le lecteur décider de ce qu’il souhaite retenir : rire, réfléchir, ou les deux. À travers des personnages comme Shina, une patineuse nord-coréenne, le livre explore l'individu face à un État tout-puissant, soulignant que même dans l'ombre de la tyrannie, l'espoir de liberté persiste

 

Avez-vous d’autres projets d’écriture en duo ? Ce style singulier est-il quelque chose que vous aimeriez explorer davantage à l’avenir ?

 

 

Nous sommes repartis dans la jungle...

 

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