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Interview de Tahoura Tabatabaï-Vergnet

Tara vous êtes née en Iran, votre écriture nous emporte sur les déchirements et les beautés de l’exil, pouvez-vous nous dire en quelques mots comment s’est fait sentir le besoin d’écrire ? 

C'était un besoin de faire des poèmes et non pas forcément d'écrire. Je dis toujours que la poésie est ma langue maternelle et c'est ainsi que tout naturellement mes pensées s'expriment en poésie. 

 

Dans ce second recueil c’est plus un cri ? Comment est-il arrivé de quoi est-il parti ?

Je pense que même si mon cri c'est le cri de la Perse, ce livre est universel, chaque exilé peut se retrouver dans mes poèmes.

C'est mon cri de l'exil à moi, ce que j'ai connu enfant lorsque je suis arrivée à onze ans dans un pays inconnu sans parler la langue et la douleur d'avoir tant perdu ! Cette douleur est encore plus forte quand le pays que vous laissez souffre et qu'il est martyrisé. 

Pour les Iraniens, voir que quarante-cinq ans après le pays souffre toujours et de plus en plus, garde toujours vif et brûlant le feu de l'exil.  Mon nouveau recueil, contient différents cris :

  • Tout d'abord le cri de celui qui est exilé, la douleur d'avoir perdu la patrie natale. C'est toute une partie de son être, de son identité avec un changement brutal de vie.
  • Ensuite il y a le cri du pays qui vous a perdu et qui se retrouve dépossédé de ses enfants. Lui aussi fait face à une perte morale (mais aussi physique). C'est une phase plus ou moins longue, car ce cri charrie aussi des circonstances de chamboulements géopolitiques.

Avez-vous un conseil pour les nouvelles générations qui vivent cet exil ?

Je voudrai absolument m'attarder sur cette question. Même si l'exil est involontaire, difficile et douloureux, il n'est pas que négatif. Il nous fait apprendre une autre langue, d'autres coutumes... C'est comme voyager en profondeur dans un autre univers. Inévitablement cela nous enrichit. On emporte la richesse de notre culture tout en adoptant une autre, cela nous rend plus intelligent et plus fort.

Quel que soit le nouveau pays nous devons apprendre et respecter ses règles, cela ne veut pas dire oublier ses origines. Quand je fais des poèmes dans mes deux langues cela me rend très fière, je respecte les deux et je crée quelque chose à mon image.

Dans mes poèmes, même si je parle beaucoup de la douleur, il y a toujours l'espoir. Une lumière  qui brille au loin et qui se rapproche. 

 

Comment la poésie est-elle un vecteur de liberté pour vous ?

La poésie a toujours été en Iran plus libre que les autres formes d'écriture ou d'art. Les poètes s'expriment avec plus de liberté que les autres.

La poésie me permet de traiter tout les sujets qui m'intéressent avec un style libre. 

Au début j'écrivais beaucoup sur moi mais maintenant j'écris sur des thèmes qui m'intéressent et n'ont pas de rapport avec moi. Par exemple,  un de mes derniers poèmes est sur le mariage forcé des jeunes filles.

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